A trois on y va

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A trois on y va! Ok, mais où ça? Justement, malgré son humour un poil ambigu, le sixième long métrage de Jérôme Bonnell reste trop sur la réserve pour nous emmener loin. Dommage !

Une histoire simple(tte)

A part le titre, plutôt amusant puisqu’à double sens, tout est convenu dans le cinéma de Jérôme Bonnell. C’est à la fois sa limite et ce qui fait son charme.

Amours provinciales

Dans une banlieue plutôt chic de Lille, un jeune couple branché, Charlotte (Sophie Verbeeck) et Micha (Félix Moati) viennent d’acheter une maison et filent le parfait amour. Enfin, en apparence, puisque Charlotte a une liaison avec Mélodie (Anaïs Demoustier), une jeune avocate ambitieuse mais un peu paumée.

Felix Moati (Micha) et Sophie Verbeeck (Charlotte) dans A trois on y va de Jérôme Bonnell
Felix Moati (Micha) et Sophie Verbeeck (Charlotte)

Délaissé, Micha ne va pas tarder à tomber dans les bras de… Mélodie. Déjà déboussolée, celle-ci va avoir du mal à trouver son équilibre dans ce double secret.

A trois on y va, un triangle amoureux

Chez Bonnell, on n’est pas chez Feydeau, et le trio amoureux ne donne jamais envie de rire. Ni d’être grave d’ailleurs. Son film n’est pas un drame, juste une bluette légère, voire inconsistante dans laquelle on s’ennuie vite. Sans doute parce qu’elle n’est jamais ni émouvante, ni surprenante.

Sophie Verbeeck et Anaïs Demoustier dans A trois on y va de Jérôme Bonnell
Sophie Verbeeck (Charlotte) et Anaïs Demoustier (Mélodie)

Dans ce trio amoureux, Bonnell a convoqué tous les ingrédients de ses précédents films à savoir une ville de province pour décor, une intimité partagée mais contrariée, une histoire amoureuse à la fois banale mais capitale pour ceux qui la vivent, un casting à la mode…

Déjà (trop) vu

La recette semble tellement éprouvée qu’elle ne révèle plus aucun mystère. Comme d’habitude, Bonnell compte sur ses comédiens et sur son léger détachement – ou serait-ce une incapacité à lâcher prise ou à être entier?  – pour raconter sa petite histoire.

Anaïs Demoustier dans A trois on y va de Jérôme Bonnell
Anaïs Demoustier (Mélodie)

Mais, justement son casting est très décevant : la nouvelle égérie soft du cinéma français Anaïs Demoustier qu’on en peut plus de voir jouer tout le temps de la même manière, laisse de marbre derrière son adorable minois un peu passe-partout. Sa présence actuelle dans le cinéma d’auteur français frôle l’overdose (45 films en 10 ans, 8 depuis Quai d’Orsay) sans apporter grand chose. Félix Moati, valeur montante lui aussi, joue les innocents sans double fond, ce qui est décevant. Seule bonne nouvelle, Sophie Verbeeck, intrigante et inaccessible mais qui a le plus petit rôle.

Manque de frissons

Dommage pour un film se revendiquant « jeune » mais dont l’innovation principale tient dans le fait que le couple se trompe mutuellement avec la même femme (ok, c’est un argument).

Sophie Verbeeck, Felix Moati et Anaïs Demoustier dans A trois, on y va de Jérôme Bonnell
Sophie Verbeeck (Charlotte), Félix Moati (Micha) et Anaïs Demoustier (Mélodie)

A tout prendre, Le temps de l’aventure, rencontre amoureuse éphémère et improbable, bourré d’incohérences scénaristiques, était plus séduisant car plus impliquant, plus bouleversant. Là, Bonnell retourne à ses premières amours, entachées d’indicible, d’audaces retenues et donc de frustrations mal maîtrisées. On aimerait qu’il se lâche, pour de bon ! Et qu’on y aille vraiment, à 2, 3 ou à 50,  la prochaine fois…

De Jérôme Bonnell, avec Anaïs Demoustier, Felix Moati, Sophie Verbeeck…

2014 – France – 1h26

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